Le temps d'une famille

Les fillion
Par Jean-Guy Fillion

Famille Fillion

Les Fillion

Eugène et Antoinette

Nous partirons veux-tu demain nous partirons

Au loin là-bas dans les grands champs de blé

Où les yeux des enfants pétillent comme vin

Nous partirons demain vers le pays des fées

Nous aurons pour bagages nos cœurs dedans la main

Et le vent pour y boire sous le soleil d`été

Nous partirons veux-tu nous partirons

Sans un mot insouciants de tout ce temps passé

Comme des bohémiens la chevelure au vent

Sans penser à hier sans savoir le chemin

Nous partirons veux-tu nous partirons demain

Les larmes au bord des yeux comme des diamants


André Daigneault

Dans la décennie 1920, naquit dans la vallée du Saint-Laurent une idylle entre Eugène et Antoinette, qui devait engendrer notre histoire qui sera décrite dans ce récit. Nous n’avons qu’à nous imaginer, nous-mêmes ou nos enfants, âgés respectivement de 22 et 29 ans, amoureux, pleins de vie et des rêves les plus fous, défier l’avenir et foncer vers un futur qui aujourd’hui est terminé pour eux, mais encore extrêmement vivant pour nous, survivants. Ces deux beaux jeunes se sont mariés en 1926 se jurant amour et fidélité pour la vie.


Ils étaient loin, à ce moment, de deviner un avenir plein de risques de toutes sortes, de peines insoutenables ainsi que de bonheurs sans limites. On dirait que ce couple est né au début d’une tempête qui prit fin avec leur départ en 1953 et 1975. Nous fûmes les témoins de cette incroyable aventure, remplis d’étonnement et de bonheur, parfois de frayeur devant la vitesse, le tumulte et l’ampleur de la vie qui grandissait autour de nous et en nous. Que de rires, de connivences, de secrets, de larmes, de pardons, de regrets avons-nous partagés au cours de cette histoire, quasi incroyable après-coup.


Laissons-nous bercer par ces lointains souvenirs, revoyons ces chers visages disparus s’animer devant nos yeux et goûtons le bonheur d’être la suite vivante et riche du don reçu.


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«QUE RESTE-T-IL DE LA PEINE QUE L’HOMME SE DONNE SOUS LE SOLEIL? UNE GÉNÉRATION S’EN VA, UNE AUTRE ARRIVE ET LA TERRE NE BOUGE PAS. LE SOLEIL SE LÈVE, LE SOLEIL SE COUCHE; IL CHERCHE SON POINT DE DÉPART POUR SE LEVER À NOUVEAU. LE VENT VA VERS LE SUD, TOURNE VERS LE NORD, TOURNE ET RETOURNE SUR LUI-MÊME TOUJOURS. TOUS LES FLEUVES VONT À LA MER ET LA MER N’EST PAS REMPLIE. LE LIEU VERS LEQUEL ILS SE DIRIGENT, C’EST LÀ QU’ILS VEULENT ALLER. ELLES SONT DURES LES CHOSES DE LA VIE. AUCUNE PAROLE NE PEUT LES DÉCRIRE, L’ŒIL NE SE RASSASIE PAS DE VOIR, NI L’OREILLE D’ÉCOUTER »


L’ECCLÉSIASTE. 1: 3 à 8


LE TEMPS D’UNE FAMILLE

Avant propos

Il existe des projets qui nous semblent irréalisables, vu leur ampleur, leurs difficultés inhérentes et l’énergie qu’ils exigeront. Il en va de même pour l’aventure que je m’apprête à raconter: celle de réunir dans un même ouvrage l’histoire et les histoires des membres de notre famille; les FILLION issus d’Eugène et d’Antoinette.


Le temps d’une famille représente, pour moi, le temps qui s’est écoulé depuis la naissance du couple Eugène et Antoinette et de leurs enfants, jusqu’à aujourd’hui. C’est l’histoire de ces êtres passagers du temps et des événements qui ont vécu une période remplie de bouleversements, de joies, de bonheurs, de peines, de séparations, d’unions et, souvent, d’épreuves que seul un courage insoupçonnable a pu surmonter.


Cette période de notre histoire se situe dans une succession d’événements sociaux et de rebondissements indescriptibles: certains d’entre nous ont connu la grande dépression des années trente, la guerre 39-45, la vie recluse dans la solitude des petits arpents verts de Sainte-Thérèse de Colombier, le grand changement québécois amorcé au début des années 60 apportant avec lui toutes les transformations sociales, morales, intellectuelles et spirituelles que l’on connaît et, pour terminer, nous avons survécu au vingtième siècle pour nous ouvrir à un millénaire nouveau, rempli d’espoirs et d’appréhensions aussi.


Quelle période riche en péripéties de toutes sortes! Et, pendant ce temps, des frères et des sœurs faisaient l’expérience de la vie. Nous avons vu partir nos parents, trois frères et trois sœurs. Nous avons connu une enfance, regroupés, pour la plupart, autour de notre père et de notre mère, pour ensuite continuer notre chemin avec notre mère seule, après la mort de son mari.


Nous avons été témoins du cheminement de chacun d’entre nous, de nos forces, de nos faiblesses, notre caractère, notre personnalité, nos rêves, nos peurs, notre courage, notre grandeur, enfin notre fraternité.


Nous nous sommes éloignés les uns des autres pour vivre chacun notre expérience, créant ça et là des noyaux de frères et de sœurs afin de ne pas, je crois, détruire le lien si précieux du sang et de notre histoire. À notre tour, pour la plupart, nous avons choisi de mettre au monde des enfants, qui prendront la relève d’Antoinette et d’Eugène pour continuer notre histoire. Les conjoints à qui nous nous sommes unis ont apporté une vision et une richesse nouvelle et indéniable à notre famille, de sorte que tous, nous avons respectivement grandi au contact de valeurs familiales, sociales et morales parfois différentes de celles que nous avions reçues, mais non moins précieuses. Notre famille s’est agrandie au point que l’on ne sait plus trop le nombre de descendants qui la compose.


Je réalise, au début de cette histoire extraordinaire qu’est celle de notre famille, et il doit en être de même pour toutes les autres cellules familiales, à quel point, le fait d’avoir une relation proche entre frères et sœurs, d’avoir grandi et partagé tant de riches moments, nous connecte à notre passé et nous fait nous reconnaître comme membre d’une unité de vie historique, puisqu’elle prend sa place dans le temps et l’histoire. Cela donne selon moi, une valeur inestimable à la relation fraternelle. Même si elle s’est rompue momentanément, pour quelque raison, elle s’avère un lieu exceptionnel de reconnaissance de soi.


Nous voilà presque tous rendus à la retraite, remplis d’expériences, de sagesse et de savoirs de toutes sortes. Pour certains, c’est la jeunesse éternelle, alors que pour d’autres, le véhicule s’est alourdi et donne des signes inquiétants. Il faut nous l’avouer, nous sommes devenus des «mon oncle» et des «ma tante», avec nos petites habitudes acquises nous faisant entrer douillettement dans notre univers d’aînés pour ne pas dire de vieux.


Avant de commencer pour de bon mon récit, je tiens à vous exprimer, que malgré les distances, les silences, j’ai toujours eu un respect et un amour indéfectible envers vous tous, mes frères et sœurs. Je m’incline devant tant de richesse et je vous trouve extraordinaires.


LE TEMPS D'UNE FAMILLE

Remerciements

Je tiens à remercier de tout cœur Michel, pour sa grande générosité, Yvon, pour son ouverture et sa joie de vivre, Ginette, Yolande, Jeanine, et Marcel, pour leur appui historique m’ayant grandement encouragé à entreprendre cet ouvrage et pour leur aide précieuse à sa mise en page, ainsi qu’à sa correction. Je veux aussi témoigner mon appréciation toute spéciale à tous mes autres frères et sœurs qui contribueront à sa réussite, par des écrits, photos, témoignages ou autres ajouts importants. À la fin, ce sera indubitablement une œuvre collective significative pour tous, ce que je souhaite grandement. D’autres s’ajoutent à cette liste: Johanne, la fille de Lucette, Roger, le fils de Bertrand, Sylvie la fille d’Huguette, Louise et Isabelle qui, avec une grande générosité, ont accepté d’écrire la vie de Marcel, leur proche disparu.


Je suis reconnaissant à Pierre-F. Langlois G.R.A. de Neuville, il a révisé l’information contenue dans le document et a contribué à l’ajout de certains éléments manquants. Nous tenons à remercier la Société d’histoire de Neuville qui a mis ses ressources à notre disposition.


Nous tenons à remercier Tania Nadeau pour sa contribution à l’élaboration des tableaux généalogiques.

Je veux aussi offrir mes remerciements des plus spéciaux à Solange, ma compagne de vie, pour son appui inconditionnel à la réussite de cette œuvre collective. C’est elle qui m’a soutenu lors des moments de doute ainsi que pour la touche finale apportée au manuscrit. Son aide précieuse apporte une valeur supplémentaire à ce travail.


De plus, comment ne pas oublier l’effort et l’intérêt sans borne pour ce projet de mes deux nièces préférées, (c’est une expression d’affection!) Nancy et France, qui ont pris en main la mise en page et la finition de ce recueil de précieux souvenirs. Que de dévouement et de générosité de leur part. À vous deux, j’offre mes plus sincères remerciements et ma gratitude la plus profonde, ainsi qu’à Martine Lavoie (conjointe de Raynald) et Thérèse Béliveau, (sœur de Yolande). Je suis convaincu des mêmes sentiments de la part de mes frères et sœurs envers votre indispensable contribution. Bravo encore une fois pour votre patience envers votre vieil oncle!